Alors que débute une nouvelle année académique, la CDEFI et son nouveau bureau présidé par Emmanuel Duflos, directeur de l’EPF, ont présenté les priorités de la Conférence pour 2023-2024 lors d’un point presse organisé dans ses locaux le 18 septembre.
Si la rentrée académique s’est déroulée sans heurts dans les écoles pour les personnels et les apprenants, plusieurs sources d’inquiétude sont relevées. D’une part, malgré un recrutement global à première vue stable, l’évolution du vivier de candidates et de candidats permettra difficilement sur le long terme de répondre à l’ambition de former plus d’ingénieurs. D’autre part, un contexte d’inflation et de hausse du point d’indice et des coûts de l’énergie, qui occasionne une augmentation des dépenses que les dotations publiques ne compenseront pas, pose des questions budgétaires.
Faire plus et mieux
Concernant l’année académique à venir, quatre grands dossiers occuperont les écoles d’ingénieurs, que la CDEFI accompagnera à travers ses cinq commissions thématiques, dont les périmètres ont été repensés en conséquence.
Alors que la nécessité de réindustrialiser la France et de développer l’industrie verte a été régulièrement mise en avant par le gouvernement ces derniers mois, les écoles d’ingénieurs sont prêtes à se mobiliser pour contribuer aux grandes politiques nationales.
Pour ce faire, les écoles d’ingénieurs doivent former davantage et dans de meilleures conditions : 10 000 ingénieurs supplémentaires sont nécessaires par an et à très court terme afin de combler la pénurie de compétences rencontrée dans certains secteurs clés comme le nucléaire, le numérique, l’hydrogène. Ces filières, notamment, ont également besoin d’assistants-ingénieurs, de docteurs, notamment des docteurs-ingénieurs. Pour œuvrer en ce sens, la CDEFI fait évoluer sa commission Recherche et innovation et y ajoute la dimension « formation », afin de refléter la spécificité des écoles basées sur le triptyque formation-recherche-innovation et de travailler sur le développement des compétences, de l’offre et des voies de formation, notamment le développement de l’apprentissage et de la formation tout au long de la vie.
Attirer de nouvelles recrues
Mais pour former plus, il faut attirer plus de lycéens dans les formations scientifiques et technologiques et leur garantir un égal accès aux formations indépendamment du genre ou de l’origine sociale. Promouvoir la culture scientifique et technologique, mieux informer et orienter sont autant de leviers sur lesquels la Conférence s’attachera à travailler. Si Emmanuel Duflos (EPF) salue la réintroduction de 1h30 de mathématiques en première, il insiste sur la nécessité de « prévoir une articulation entre les enseignements secondaires et les formations du supérieur. ».
Toujours en lien avec les grandes stratégies nationales, les récentes conclusions du rapport Gillet nous poussent à rappeler le besoin de développer la recherche en ingénierie, condition sine qua non pour la production d’innovations soutenables dans des disciplines clés pour la réindustrialisation française comme la chimie, le biomédical, l’électrique et l’électronique, l’informatique, etc. Sur le sujet, Laure Morel (ENSGSI) a précisé qu’ « il nous faut passer d’une vision monodisciplinaire des agences de programme et organismes de recherche à une dimension transversale, voire systémique » dans laquelle les écoles d’ingénieurs – dont la recherche est par essence pluridisciplinaire – trouveraient leur place.
Prise en compte du développement durable
Enfin, en écho aux enjeux sociétaux actuels, au plan Industrie verte de l’État et à l’intégration de ces questions au référentiel des formations, la CDEFI donnera cette année une place centrale à l’objectif d’œuvrer en faveur de la transition écologique et sociétale, matérialisée par la création d’une commission de travail éponyme. Comme l’a rappelé Cécile Delolme, « les métiers auxquels nous formons seront des leviers clés associés au portage des politiques et enjeux de développement durable et responsabilité sociétale dans les années à venir ». C’est pourquoi il est nécessaire d’impulser une dynamique collective au sein des écoles d’ingénieurs : formation, recherche, gouvernance, politique partenariale, fonctionnement interne, etc. sont aujourd’hui sujets à de profondes transformations liées à la transition écologique.
À propos de La CDEFI
Fondée en 1976, la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) réunit l’ensemble des directeurs et directrices des établissements ou composantes d’établissements, publics ou privés, accrédités par la Commission des titres d’ingénieur (CTI) à délivrer le titre d’ingénieur diplômé.
Elle a pour principale mission d’étudier tous les sujets relatifs au métier et à la formation des ingénieurs, ainsi qu’au développement de la recherche et à la valorisation de celle-ci.
Elle a, de plus, vocation à promouvoir l’Ingénieur de l’école française, dans le monde comme en France. Ainsi, la dimension internationale est-elle au cœur de ses préoccupations, notamment dans l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche.