Nous venons d’apprendre la disparition de Mitsuo Okamoto, figure emblématique de la société Amada qu’il est parvenu à hisser au premier rang des constructeurs de machines-outils au niveau mondial. Une triste nouvelle qui nous conduit à lui rendre ici les honneurs qu’il mérite.
La France est géographiquement éloignée du Japon, mais cette distance n’a pas empêché que, très tôt, des liens forts se tissent entre le constructeur japonais et notre pays. Une aventure qui a débuté en 1965 avec une coopération technique avec le fabricant français de machines de travail de la tôle Promecam Sisson Lehman SA, avant son rachat en 1986.
Mitsuo Okamoto, qui vient de nous quitter le 16 février dernier à l’âge de 80 ans, avait pour sa part rejoint l’entreprise Amada en 1972 pour en prendre la direction en 1997, puis d’en devenir le directeur général dès 1999. Une ascension qui se poursuivit avec la croissance de l’entreprise et qui lui a valu d’accéder au poste d’administrateur conseiller d’Amada Co. Ltd en 2020 et conseiller honoraire de la société depuis 2022. Un parcours que l’on ne peut en aucun cas dissocier du développement d’Amada, tant au Japon que dans le monde, et dans lequel la France occupe une place prépondérante.
C’est en effet sous l’ère de Mitsuo Okamoto que les premières briques de l’activité française, posées par ses prédécesseurs, vont connaître un développement majeur. On peut citer, à ce titre, les usines françaises de Château-du-Loir et de Charleville-Mézières, qui ont toutes deux connu un développement remarquable de leurs activités, des investissements importants et la création de nouveaux emplois. Ainsi qu’un chantier – annoncé en 2013, lancé en 2014 et qui ne représentera pas moins de 40 millions d’euros d’investissement sur l’ensemble des deux usines – que Mitsuo Okamoto est venu inaugurer en personne le 2 juin 2017 à Charleville-Mézières.
Son implication dans le développement de l’activité du groupe au sein de l’Hexagone lui a d’ailleurs valu la reconnaissance de la France pour « l’expansion active de ses activités en France et sa contribution au développement économique entre le Japon et la France » par l’attribution de la Légion d’honneur au grade de chevalier. Une décoration remise par M. Thierry Dana, ambassadeur de France au Japon, lors d’une cérémonie à l’ambassade de France, dans le quartier Minato de Tokyo, le 28 janvier 2015.
La France n’est pas le seul pays avec lequel Mitsuo Okamoto a développé des partenariats technologiques et de développements industriels. Il a, en effet, très vite eu une intuition lorsque le laser CO 2 a commencé à être remis en question par le laser fibre et a tissé un partenariat avec le fabricant américain JDSU pour fabriquer ses propres sources. Un choix qui n’a pas empêché son soutien à des développements internes de R&D dans le domaine du laser à diode direct (DDL), technologie pour laquelle Amada a été la première entreprise à présenter une machine, validant ainsi le concept de découpe à l’aide de ce principe. Technologie que ce visionnaire a toutefois préféré remettre dans les cartons pour orienter ses équipes sur les développements relatifs au contrôle du faisceau, tel que le Locus Beam Control, qui apporte un avantage concurrentiel majeur en matière de découpe. Un choix qui ne surprend pas de la part de cet ingénieur peu expansif, mais extrêmement observateur et fin stratège, qui se plaisait à dire qu’« Amada grandit avec ses clients ». Une phrase emblématique qui ne manquera pas d’inspirer longtemps encore des employés quelque peu orphelins d’un dirigeant d’exception qui aura consacré la totalité de sa carrière à Amada et à son rayonnement dans le monde.